La Révolte des Coptes de 746-748: Entre Intolérance Religieuse et Luttes Socio-Economiques

Le contexte de l’Égypte du VIIIe siècle était bouillonnant, un véritable chaudron où bouillonnent les tensions religieuses et sociales. La domination arabo-musulmane avait transformé la vie quotidienne des Égyptiens, autrefois sujets de l’Empire byzantin chrétien. Si la conversion à l’Islam était encouragée, elle n’était pas obligatoire. Pourtant, l’arrivée du califat omeyyade de Damas au pouvoir en 750 marque un tournant important. Les mesures prises par les nouveaux dirigeants musulmans, visant à renforcer leur contrôle sur le pays et la diffusion de l’islam, vont alimenter un profond mécontentement chez la population copte, majoritairement chrétienne.

Les Coptes, descendants des anciens Égyptiens qui avaient adopté le christianisme, vivaient sous un régime de tolérance relative. Ils étaient autorisés à pratiquer leur religion et conservaient leurs traditions ancestrales. Cependant, cette coexistence pacifique était fragile. Les tensions religieuses étaient latentes, alimentées par la propension du califat à imposer des lois discriminatoires envers les non-musulmans.

Ces mesures incluaient l’obligation de payer un impôt spécial (la djizya), des restrictions dans l’accès aux fonctions publiques et une marginalisation progressive dans la société égyptienne. Les Coptes se sentaient opprimés, leur identité religieuse menacée et leurs chances d’ascension sociale limitées.

La goutte d’eau qui fit déborder le vase fut la destruction d’une église copte par un fonctionnaire musulman en 746. Cet acte de vandalisme déclencha une révolte populaire majeure, qui se répandit rapidement dans tout le pays.

La révolte des Coptes, qui dura deux années, de 746 à 748, fut une explosion de colère contre l’oppression religieuse et les injustices sociales. Les rebelles, menés par un chef charismatique nommé Mercurius, s’en prirent aux autorités musulmanes, incendièrent des mosquées et massacrèrent des fonctionnaires.

Pour comprendre l’ampleur du conflit, il faut se rappeler que la population égyptienne était majoritairement copte. La révolte touchait donc une partie importante de la société, qui avait enfin trouvé un moyen d’exprimer son mécontentement.

Le califat omeyyade, pris au dépourvu par cette insurrection soudaine et massive, dut déployer toutes ses forces pour mater la rébellion. L’armée musulmane, dirigée par le général arabisé Ismaël ibn-Abd Allah, mena une campagne brutale qui se solda par l’écrasement des rebelles.

La répression fut sans merci. Mercurius fut capturé et exécuté publiquement, tandis que des milliers de Coptes furent massacrés ou réduits en esclavage. De nombreuses églises furent détruites, symbolisant la volonté des musulmans d’affirmer leur domination religieuse sur le pays.

Malgré sa défaite militaire, la révolte des Coptes eut un impact profond sur l’Égypte du VIIIe siècle. Elle révéla les tensions latentes entre les communautés religieuses et les inégalités sociales qui rongeaient le pays.

L’événement força le califat à adopter une attitude plus conciliante envers ses sujets coptes. L’oppression religieuse fut quelque peu atténuée, mais la peur persistait parmi les Coptes. Ils avaient perdu la bataille, mais ils avaient semé la graine d’un désir de liberté et d’égalité qui allait perdurer dans les siècles à venir.

Conséquences de la Révolte des Coptes

Voici un tableau récapitulant les conséquences de la révolte des Coptes :

La révolte des Coptes de 746-748 fut un épisode tragique et marquant de l’histoire de l’Égypte médiévale. Elle illustra la complexité des relations interreligieuses dans un contexte de domination étrangère et les difficultés de cohabitation entre différentes cultures.

L’héritage de cette révolte reste vif dans la mémoire collective des Coptes d’aujourd’hui, qui continuent à lutter pour leurs droits et leur égalité en Égypte.